Zen, religion... ou non ?

Par Claude É Mon Cannizzo.


La « crainte » d’un grand nombre d’enseignants dans le zen est de faire fuir les gens en leur présentant une image trop « religieuse » du zen. Mais il existe aussi la crainte des gens que le zen ressemble trop à ce qu’ils ont tendance à fuir actuellement, c’est-à-dire les religions.


De nos jours, on a fait du zen une pratique assimilée à une technique de bien-être, par exemple pour ce qui concerne la méditation, il existe même des applications pour méditer. Le « Mindfullness » ou « pleine conscience » a le vent en poupe, on en parle de plus en plus dans les médias. Mais bien que cette pratique soit sans aucun doute efficace pour aider les personnes en souffrance (dépression, rechute, burn out…), elle ne touche pas à l’essentiel.

Nous avons perdu la substance nécessaire pour toucher l’essentiel car nous ignorons bien souvent ce qu’est l’essentiel. Dans notre société, l’essentiel tourne principalement autour de « l’avoir », car nous pensons que l’avoir fait de nous un « être accompli ». Un être certes, mais surtout un être plutôt égocentrique, ayant tendance à croire « je suis quelqu’un ! ». Á force de ne tourner qu’autour de son nombril, on perd le contact avec le monde qui nous entoure, il suffit de regarder autour de nous, les relations entre nous ou l’état de notre planète pour en avoir la confirmation. L’humanité est malade ! Surtout tous ces « je suis quelqu’un !» 



En observant cela, il me semble essentiel de faire un pas en arrière ou au moins un arrêt sur soi. Nous devons apprendre à revenir à une compréhension plus vaste, comprendre que nous ne sommes pas des individus séparés mais que nous vivons en interdépendance les uns avec les autres, nous ET le monde qui nous entoure. Comprendre cela, c’est comprendre réellement le mot « religion », car la véritable religion est au-delà des religions, c’est juste « être relié ».

Il existe une grande confusion entre « religion » et « spiritualité ». Pour ma part, j’ai tendance à dire que la spiritualité mène (ou tout du moins peut mener) à la religion, mais pas nécessairement le contraire. Quand je parle de religion, j’entends être relié, non séparé du monde qui m’entoure, faire, ou même « être un » avec tout, pas seulement avec les êtres sensibles, mais aussi avec la nature dans sa globalité.



Pour les pratiquants du Bouddhisme zen, l’enseignement du Bouddha, le Dharma, est essentiel, mais à une condition et non des moindres, c’est qu’il soit enraciné dans une pratique du corps dans sa totalité, respiration et état d’esprit compris... C’est le zazen.

Le zazen fait du zen une spiritualité vivante, pas une religion d’un livre, d’une écriture...

Pour bien comprendre la relation avec le monde qui nous entoure, nous devons nécessairement commencer par à nouveau entrer en contact avec nous-même, notre monde intérieur, avec nos joies, nos peines, avec tout ce qui est sujet à créer de la souffrance, pour soi et pour les autres. Pour faire cette expérience, le zen, le zazen est une pratique idéale, car elle inclut le corps, l’esprit et ce qui nous entoure, non séparés. 

Il est vrai que le zen n’est pas une pratique facile, contrairement à ce que d’aucuns pensent au travers des médias. Le zen est une voie directe, elle nécessite effort et persévérance ! Mais malgré ça, le zazen seul ne suffit pas s’il ne baigne pas dans une tradition forte, s’il n’est pas nourri par un enseignement qui est déjà presque trois fois millénaire.

Pour pénétrer cet enseignement, il nous faut entrer dans l'atmosphère de la tradition bouddhiste et y puiser les principes fondamentaux transmis oralement aux pratiquants depuis Bouddha, de maître à maître, de maître à disciples.

Pas besoin de devenir Bouddhiste, le zen n’est rien de plus que le terreau fertile dans lequel peut grandir n’importe quelle personne, qu’elle soit laïque, croyante, religieuse ou non.